Cela lui prit beaucoup de temps à s’adapter. Acheter les effets scolaires fut une expérience assez intrigante pour la jeune sorcière maintenant pratiquement orpheline. Tous ces objets volants, toutes ces personnes habillées étrangement. Il faut croire qu’elle changeait de monde d’un extrême à l’autre! Toutes ces richesses, un peuple magnifiquement bien camouffle et tout à fait fantastique. Katherine tomba en amour avec le concept des baguettes magiques. Elle trouvait tout cela tellement extraordinaire qu’elle posait sans arrêt des questions. « On peut choisir la couleur? », « Ce sont des êtres vivants? », « Si je la brise, elle fonctionnera encore? » etc. Auxquelles on s’empressa de répondre. Les gens étaient si accueillants, elle se croyait dans un rêve. Elle était maintenant heureuse, avait une maison (qu’elle partageait avec des centaines d’autres jeunes, mais ce n’est qu’un petit détail), deux ou trois copines, un enseignement de qualité et de bons repas trois fois par jour. Que demander de plus? Rien, tout simplement. Mais tout ceci lui passa très vite. Elle se tanna rapidement des cours, des autres jeunes, de cet endroit sombre et parfois même lugubre. Elle était bien, il ne faut pas l’oublier, car elle avait tout ce dont elle avait besoin… sauf un avenir certain. Serait-elle heureuse plus tard? Aurait-elle un bon emploi? Et puis, à quoi ressemblaient les emplois pour une sorcière? Pourrait-elle trouver un homme avec qui elle aurait envie de se marier et de fonder une famille? Elle n’était sûre de rien, même pas de terminer son année. La première fut la plus difficile, car s’adapter à tous ces changements fut une chose très difficile. Passer de rien à tout, d’un vide à l’abondance! C’était un grand bouleversement pour la petite Katherine, mais elle ne le montra pas. Elle gardait la tête haute, mais s’effondrait dès que sa tête touchait son oreiller. Ce fut une époque asses compliquée pour elle, autant au niveau émotionnel que scolaire. Ses notes n’étaient jamais très hautes. Mais cela était compréhensible, car tout le monde savait très bien qui elle était. La pauvre Katherine, sans le sou, sans famille, avec l’orgueil presqu’aussi gros que le château en entier, et probablement bien plus, car jamais on ne la voyait la tête basse, les larmes aux yeux. Jamais un sentiment ne semblait paraître à travers ses yeux, et ne sont-ils pas le reflet de l’âme, pourtant? On la connaissait bien même chez les enseignants, car elle avait sa réputation! Elle était le sujet de plusieurs discussions dans la salle des professeurs, et la plus part du temps, ce n’était pas que du positif! Têtue, orgueilleuse, lâche, tout sauf intéressée… disons qu’elle n’était pas appréciée de tous.

Mais quelques une la comprenaient. Certains savaient ce qu’elle traversait, le bouleversement qu’elle avait du vivre. Des gens qui, tout comme elle, avaient étés propulsés dans un monde qui n’était pas le leur, dans un espace presqu’imaginaire et complètement farfelu. Mais eux ne savaient pas du tout ce qu’avait été sa vie avant. Car il ne s’agissait pas que du changement de vie radical. C’était bien plus gros que cela. L’école, c’était une chose, la magie aussi… mais ce qu’elle avait vécu dans son quartier d’enfance, ça, c’était le pire de tout. Elle avait beau s’y habituer, jamais elle n’aurait pensé que tout cela l’aurait autant affectée.